Partir en Chine, sans exagérer, c'est vraiment partir pour le bout du monde. En distance et surtout en différence. Au point de vue culture, sur nos bancs de l'école, avouons qu'on n'apprend que dalle sur la civilisation chinoise. D'où le besoin de préparer méthodiquement un premier périple, de lire les meilleurs ouvrages, mais bien entendu, seulement après avoir compris où se trouvent les grandes merveilles de Chine. Sinon, c'est la turista culturelle !

À Xian, premier des cinq grands incontournables, c'est l'extraordinaire complexe funéraire du premier empereur, Qin Shi Huangdi. Le spectacle de son armée souterraine de 6000 guerriers d'argile dans les trois fosses défie l'imagination. Le raffinement de ces statues grandeur nature équivaut à 38 ans de labeur. De l'histoire en évolution rapide, depuis 1974 seulement, pour une réalisation datant de 210 avant notre ère. Les archéologues n'osent pas ouvrir la tombe du mégalomane, folie des grandeurs dont n'a pas fini de parler. Le Musée de la civilisation de Québec accueille actuellement cinq de ces reliques et dispose des meilleurs livres illustrés (publiés en Chine) sur Xian.

À Pékin, au nord de la porte Tiananmen, la Cité interdite brille par son raffinement architectural et son harmonie. Construite à partir du 15e siècle par 200 000 ouvriers, elle s'étend sur presque un kilomètre carré. Une longue marche, tôt le matin, dans cette résidence des empereurs Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911) prend tout son sens avec, en main, L'ABCdaire de la Cité interdite (Flammarion) pour mieux saisir l'intelligence des 800 palais où 24 empereurs furent intronisés.

La Grande Muraille au troisième rang ? Bien que Marco Polo n'en ait jamais fait mention, pas question de déprécier l'obsession éternelle. Le défunt timonier Mao Zedong disait qu'un Chinois n'est pas digne de ce nom s'il ne l'a pas escaladée. Pour chacun de nous, c'est le rêve type Petit Prince de notre enfance. Précisons toutefois que la section de Badaling, la plus fréquentée des plus grands de ce monde, n'est que la portion hollywoodienne plus que parfaite, rénovée en 1957. Malgré les 5000 ou 6000 km de longueur, (les chiffres varient), l'histoire que de telles fortifications soient visibles de la Lune est totalement farfelue. Dans The Great Wall of China, From History to Myth, (Cambridge), le Britannique Arthur Waldron démonte d'autres légendes du même genre.

Le nouveau Musée de Shanghai (1995) comprend à lui seul le précis d'histoire de l'art vraiment top niveau. Dans un quatre étages conçu pour les masses populaires pensantes, facile d'orientation, vous trouvez de magnifiques spécimens de bronzes, de céramiques, de jades, de sceaux, sans compter les délicates peintures sur soie et la statuaire bouddhique. On en sort intellectuellement dopé, avec la satisfaction d'avoir pu couvrir l'essentiel. Les albums à prix populaires de la librairie du rez-de-chaussée sont à rapporter dans la valise. Les reproductions valent leur pesant d'or.

Enfin, cinquième incontournable, les treize tombeaux des empereurs Ming. Un seul mausolée, celui de l'empereur Wan Li, a été exhumé et les autres supposent donc un grand effort d'imagination - un peu comme si on allait inspecter des voûtes de banque sans jamais y voir les lingots d'or. Consolation : les douze couples de statues de marbre et les saules pleureurs convient le poète à une promenade-photo sur la célèbre voie des Esprits.

Parlant de dynasties, bien coller dans son carnet de notes le petit tableau chronologique des vingt plus grandes époques de la Chine, sans quoi les explications du cicérone local deviennent vite du charabia. Exemple, il faut bien situer les deux dynasties étrangères des Mongols (Yuan) et des Mandchous (Qing) par opposition aux dynasties chinoises Tang et Ming.

De plus, il faut bien avoir rédigé son propre résumé-maison du confucianisme, du taoïsme et principalement du bouddhisme, à cause des nombreux lieux sacrés à explorer comme le temple du jade à Shanghai. Encore là, il est trop tard pour essayer tout assimiler sur place si on n'a pas fait sagement ses devoirs avant la traversée du Pacifique.

La bible du globe-trotter ? Le savant Guide bleu (Hachette) pour la culture et les voyages organisés, tandis que le Lonely Planet n'a pas son pareil pour les cartes bilingues, les hôtels et les adresses pratiques. Naturellement, impossible de parcourir ce pays sans s'interroger aussi sur l'état actuel du pays en 2002. En seulement 100 pages, La Chine, géant de demain (Éditions PEMF) offre le meilleur petit condensé illustré existant sur les grands enjeux. Pour les plus curieux, le journaliste Éric Meyer soumet une bonne analyse personnelle dans les 400 pages de son Sois riche et tais toi (Robert Laffont).

Enfin, petit conseil d'un fou de la Chine qui y est allé moult fois, tant mieux si vous pouvez maîtriser quelques rudiments de chinois. Vous y ferez aussi des amis !